La leçon de l'aigle
- Fayt Béatrice
- 15 nov.
- 5 min de lecture
9-2020/11-2025
J’ai décidé de prendre les transports en commun ! Comme je travaille dans une région assez éloignée de chez moi, les embouteillages en voiture devenaient trop épuisants. Pendant mon trajet en autobus, j’ai la chance de traverser un pont qui surplombe toute la ville. C’est fascinant de constater qu’une fois vus d’en haut, les rues et le sol semblent moins encombrés. On voit la ville s’étendre sous nos yeux, magnifique et paisible… alors qu’à l’intérieur, c’est souvent le chaos !
C’est exactement comme la vie. Lorsque nous sommes au cœur d’une épreuve, tout paraît insurmontable. La situation peut paraître étouffante, écrasante. On se dit que cette fois, on ne s’en sortira pas. Mais quand on prend un peu d’altitude, vis-à-vis de celle-ci, comme moi dans mon bus, et qu’on regarde l’ensemble de notre parcours, on réalise que des épreuves, nous en avons traversé d’autres avant. Avec du recul, on apprend à cohabiter avec ces moments difficiles, à les accepter et à comprendre qu’adopter un autre angle de vue peut être salutaire. Après coup, lorsque nous en sommes ressortis, on comprend que celle-ci nous a fait grandir. La douleur laisse place à l’expérience, et c’est finalement elle qui nous permet de prendre de la valeur.
On parle souvent de l’aigle et je trouve qu’il a une vraie leçon de vie à nous donner, surtout si nous sommes fatigués par la vie. Tout d’abord, le nom « aigle » provient du latin « Aquila ». Ce nom se retrouve dans la Bible et identifie un homme qui a combattu pour sa foi avec son épouse Priscille. Il est devenu martyr reconnu de l’Église, car il a été jusqu’au bout (Rom16.3). Au Moyen Âge, on identifiait des personnes par des « blasons », ceux-ci identifiaient les lignées (familles). Un aigle féminin, dans ce langage, était le signe d’un « étendard ». L’aigle est donc un symbole puissant d’identification, de combat, de patience et de persévérance dans l’épreuve.
Il a aussi un œil « avisé », une vision si puissante que cela lui permet de « foncer droit devant » jusqu’à son but (sa proie). Il vole au travers des tempêtes et, plus que cela, l’exploite ! Lors de la tempête, il se hisse jusqu’au « noyau » et se rend au-dessus de celui-ci, il peut atteindre les 6000 mètres ! Ensuite, il déploie ses ailes et utilise son courant comme un propulseur, sa vitesse atteint donc son paroxysme et l’élève encore plus, tout en le portant. S’il subit un échec, il recommence et il est important de savoir que sa vie est plus constituée d’échecs que de réussites, mais cela ne l’arrête pas, aucunement…
Il bâtit son nid sur les « hauteurs » (entre 1000 et 2500 m). Le genre Aquila a une si grande adaptabilité qu’il a été possible pour lui de se propager dans de nombreuses parties du monde. Sa plus fascinante caractéristique est la hauteur à laquelle il peut se hisser. Ceci est sa protection, l’homme étant son pire ennemi. Mais bien que l’homme soit son plus grand ennemi, il faut savoir que, parmi ses congénères, le seul qui ose réellement l’attaquer est le corbeau. Possédant une intelligence remarquable, proche par moments de celle de l’humain, le corbeau élabore ses propres stratégies pour atteindre sa cible. Il vise généralement les zones les plus vulnérables : la tête pour l’être humain, et le cou pour l’aigle.
Contrairement à ce que nous ferions par réflexe, l’aigle ne cherche pas à se débattre. Il sait qu’il serait inutile de lutter directement contre le corbeau, qui ne ferait qu’intensifier son attaque en voyant une réaction. Plutôt que de gaspiller son énergie à combattre l’inévitable, l’aigle choisit une autre voie : il s’élève. Comme il le fait dans la tempête, il prend de l’altitude, encore et encore, jusqu’à ce que son assaillant manque d’oxygène, et tombe, le corbeau étant vaincu par la hauteur que l'aigle a prise. Nous devrions nous-mêmes, lorsque les vents contraires sont trop forts, « nous propulser par Son courant, nous laisser porter par Dieu dans l’épreuve et nous « hisser » plus haut, plus près de Lui en prenant de la hauteur, en gardant la vision du but à atteindre. Cela nous permettrait de voir les choses sous un autre angle avec assez de « hauteur » pour que nous puissions les voir telles qu’elles sont en réalité et pas telles que la douleur nous pousse à les percevoir. Le "picotement" du corbeau peut faire mal, mais ne fait pas pourrir en soi, tout au plus, il nous fait peur.
Bien sûr, il arrive aussi que les tragédies soient plus fortes, il arrive aussi que la « hauteur » ne suffise plus. Dans ce cas, laissons-nous juste porter par le courant, nous pouvons « déployer » nos ailes dans ce courant et nous laisser guider par le Seigneur, comme l'aigle. Beaucoup de personnes à l’issue de grandes tragédies se sont « propulsées » dans la vie. Au lieu d’être achevés par la douleur, la mort ou l'échec, ils ont « choisi » de le vivre en renouvelant leur vision, dans une perception encore plus profonde et plus puissante du but à atteindre et de leur mission à accomplir ici-bas.
Vous voulez des exemples ? Voici, Malala Yousafzai, jeune fille ordinaire qui est victime de tentative d’assassinat par des Talibans. Du haut de ses 15 ans, au lieu de se terrer après cette tragédie, elle se lève et milite activement pour le droit à l’éducation des filles. Après une nouvelle tentative d’assassinat, elle reçoit le prix Nobel et devient le symbole du droit à l’éducation.
Le 11 septembre 2001, le vol 93 de United Airlines est pris d’assaut par des terroristes qui veulent s’écraser sur la Maison-Blanche. Les passagers qui savent qu’ils vont mourir transforment leurs visions et décident de se révolter. Ils parviennent même à entrer dans le poste de pilotage. Dans cette rébellion volontaire, ils savent que la mort sera la seule issue. Mourir, oui, mais pour sauver les autres ! Grâce à eux la capitale est sauvée, ils ont épargné des milliers de vies.
Je pourrais vous donner encore beaucoup d’exemples et vous-même, j’en suis sûre, vous en connaissez certainement : le changement de regard sur l’esclavagisme… Peut-être est-ce un père qui a changé le système afin que la garde des enfants leur soit aussi accordée. Le droit de la femme, de la retraite, etc. Ou est-ce simplement quelqu’un qui s’est investi dans le voisinage ou dans une famille pour changer le cours de l’existence de ces derniers. Un(e) ami(e) qui a changé le cours de votre vie…
Et vous, avez-vous vécu une tragédie qui vous a « propulsé » ? Connaissez-vous quelqu’un dans votre entourage qui l’a été ? Peut-être êtes-vous dans la souffrance et la douleur… J’ai alors une bonne nouvelle pour vous, Dieu peut vous aider à vous « propulser » ! Il peut être le moteur dont vous avez besoin dans votre vie, si vous vous laissez porter par lui. Peut-être que personne n’entendra parler de vous non plus, mais ceux et celles qui sont près de vous parleront « d’exemple de courage, de persévérance ». Alors vous saurez qu’un jour vous aussi vous avez été « propulsé », vous avez su « prendre de la hauteur » comme l'aigle.
« Mais ceux qui se confient en l'Éternel renouvellent leur force. Ils prennent le vol comme les aigles ; ils courent, et ne se lassent point, ils marchent, et ne se fatiguent point » (Ésaïe 40.31).



Commentaires